Achille bénéficiera pendant la guerre de l’armure invulnérable et des chevaux immortels que les Dieux avaient offerts à Pélée, ton père, en cadeau de mariage. Mais c’est ta mère qui te fit le plus grand cadeau en te trempant dans le styx quand tu étais encore bébé pour te rendre invincible. Quel malheur qu’il t’aies resté un point faible : le talon par lequel elle te tenait en te plongeant dans le fleuve ! On dit que c’est l’arrivée de ton père, qui souhaitait que ses enfants restent mortels qui l’empêcha de finir son ouvrage. Et c’est ce qui a causé ta perte.
Le destin d’Achille a en effet toujours été scellé dans l’Olympe. Son nom résonnait sans cesse à l’oreille des Dieux. En plus de la prophétie concernant son fils, Thétis connaissait son avenir : Achille devrait choisir sa destinée. D’un côté il pourrait avoir une vie de gloire et d’exploits en partant à Troie, mais n’en reviendrait jamais. De l’autre côté l’attendrait une vie simple et heureuse avec une femme aimante et une nombreuse descendance, mais après la mort de ses petits-enfants, son nom tomberait dans l’oubli. Thétis connaissait cet oracle et fit donc tout pour empêcher sa réalisation. Après avoir rendu son fils presque immortel, elle le confia au centaure Chiron, le plus grand des précepteurs. C’est là qu’il apprit à développer son corps, à se battre, à manier les armes, mais aussi l’art de la guérison, et de la musique.[1]
Thétis tenta enfin d’empêcher que le bruit de l’expédition n’atteigne son enfant. Elle l’envoya à Sycros chez le roi Lycomède, déguisé en femme sous le nom de Pyrrha. Il y vécut au milieu des filles.
Mais l’amour d’une mère, aussi puissante soit-elle n’a jamais pu détourner le destin. Les moires n’avaient pas décidé qu’Achille devait rester caché, non plus qu’Ulysse, tout à son débit. Quand il apprit où il était, il se dit qu’il tenait sa revanche. Il vint chez Lycomède déguisé en marchand avec Ajax. Lycomède nous avait bien donné l’autorisation de fouiller son palais, mais comment reconnaître le héros sous son déguisement ? C’est là encore qu’Ulysse utilisa l’un de ses célèbres subterfuges. Il propose à chaque dame de choisir par des étoffes, des ceintures, des parures. Tout le gynécée résonne de rire. Mais brusquement il fait retentir les trompettes et les armes. Une jeune femme lâche alors le collier qu’elle tient, se précipite sur un bouclier et une épée laissés là fort à propos, et se rue dehors…
Démasqué, Achille nous suivit sans résister. Retour en la Phthie, en Théssalie pour aller chercher Patrocle, le compagnon de toujours d’Achille.
Personne ne serait parti sans Achille : le bruit courait alors parmi les chefs des Grecs que ta présence était indispensable à la victoire. Patrocle, ton cher compagnon de toujours, t’accompagna dans te recherche de la renommée immortelle. Tu emmenas aussi tes myrmidons, tes fidèles soldats, les célèbres combattants de ton royaume de Phthie, cadeaux de Zeus à ton grand-père Eaque.
[1] Achille reçoit une éducation complète, qui laisse place au corps, à la science, aux lettres et arts, modèle de l’éducation grecque jusqu’à l’époque classique.
jonathanblais
Historioprof 